Les reines de l’illusion ou le stupéfiant pouvoir des plantes caméléons !

Si les plantes vous effrayent (parce que vous avez lu L’Invasion des Profanateurs, de Jack Finney, ce roman mettant en scène des plantes extraterrestres envahissant la Terre et remplaçant les humains par des répliques aussi vides que des coquilles !), Babyplante.fr a la solution pour vous ! En effet, il existe des plantes… qui ne ressemblent pas à des plantes ! Ces plantes caméléons, bien souvent des Lithops, familièrement appelés « plantes-cailloux », ou bien des Conophytum, ont, comme leur nom commun l’indique, une stupéfiante apparence de caillou coloré, voire de bonbon, quand d'autres prennent la forme du corail, d'une spirale, ou encore d'oreilles de lapin ! Ces plantes sont les reines de l’illusion. On vous explique comment et pourquoi.

D'où viennent les Lithops et les Conophytum ?

Les plantes-cailloux sont des plantes succulentes originaires d’Afrique australe, bien souvent d’Afrique du Sud et du Namibie. Elles miment non seulement l’apparence des cailloux, mais également leur taille ! Ainsi, les Lithops ne dépassent pas les 3 cm de diamètre, et sont d’autant plus invisibles qu’ils croissent enterrées dans le sol, dont ils n’émergent que lorsqu’il pleut. Au fil du temps, ces plantes apprécient de vivre en colonies. Ces reines de l’illusion parviennent donc à se fondre dans leur environnement et le décor, ce qui les rend surprenantes et fascinantes.

L'aire de répartition des Conophytum, plus restreinte que celle des Lithops, s'étend du sud de la Namibie jusqu'à la Province du Cap, avec la plus grande concentration d'espèces pour le Namaqualand. Elle ne recouvre que des zones arides et semi-arides pour une plante tirant l'essentiel de l'eau nécessaire à sa survie de la rosée et du brouillard. Contrairement aux Lithops, préférant les plaines, les Conophytum, tel Conophytum pageae, se nichent dans les fissures des rochers de granit au sommet des collines. De fait, ils préfèreront être cultivés dans des sols plutôt acides, à l'abri du plein soleil de l'été, dans des endroits très lumineux et aérés. Ils ont en commun avec les Lithops la simplification à l'extrême de leur organisme. Leur taille reste approximativement identique : 5 mm pour la plus petite, et jusqu'à 5 à 7 cm pour les plus grosses espèces.

Bon à savoir

En grec, lithos signifie « pierre » et opsis pour « apparence ». Les plantes-cailloux ont donc hérité de ce nom par leur ressemblance bluffante avec des cailloux, ou des pierres, puisque littéralement, lithops signifie “qui a l’apparence d’une pierre ». Le surnom de ces plantes varie parfois, passant de plantes-cailloux à “plantes-fesses” à cause de leur forme. On lui donne aussi parfois celui de “cactus cailloux", mais celui-ci est erroné et hors de propos car le Lithops n’est pas un cactus. En effet, ce dernier appartient à la famille des Aizoaceae (et non celle des Cactaceae), pour un genre comportant plus de 100 espèces de plantes vivaces, succulentes et acaules. Le lithos est nettement plus proche de son cousin de la même famille, le conophytum, dont le nom vient du grec konos, qui signifie "cône" et de phyto pour "plante".

Pourquoi le mimétisme de ces plantes caméléons ?

Des conditions climatiques extrêmes

Comme chez les cactus, dotés d’épines afin de se protéger du soleil, des prédateurs ainsi que pour absorber la pluie, l’aspect des Lithops et des Conophytum est une question de survie sous des conditions climatiques extrêmes : vents violents, régions fortement ensoleillées et très peu arrosées, etc. En sus, ces succulentes supportent également de pousser dans des sols calcaires ou salés. Leur forme de cailloux est donc idéale pour mieux s’intégrer à des paysages secs et anhydres dans lesquels peu de végétaux persistent.

Une faible exposition au soleil

Dans la même optique de survivance en milieu hostile, les plantes-cailloux et les Conophytum réduisent au minimum leur surface exposée au soleil. Raison pour laquelle elles sont lilliputiennes, passant la plupart de leur temps presque entièrement enterrées, ne laissant affleurer que l'extrémité supérieure de leurs feuilles afin de limiter le phénomène d'évaporation. Elles sont plus visibles au moment des pluies, lorsque leur fleur émerge et colore le sol.

Résister aux prédateurs

Les Lithops et les Conophytum font également usage de mimétisme pour tromper la vigilance des herbivores, qui en sont friands. Les plantes-cailloux adoptent alors les couleurs de leur habitat et deviennent des pierres, du moins feignent de l'être. Le Lithops est réputé extrêmement difficile d'identification. En effet, rien ne ressemble plus à un Lithops qu'un autre Lithops ! D'autant plus que certains autres genres ou espèces peuvent leur ressembler, comme les Conophytum, tel le Conophytum achabense. Seuls les spécialistes parviennent à s'y retrouver !

Lithops et Conophytum : mode d'emploi

Les Lithops : description

Ces plantes possèdent une racine pivotante et charnue qui s'enfonce en profondeur dans le sol. Les Lithops sont constituées de deux épaisses feuilles soudées, formant un « corpuscule ». Ces feuilles sont séparées par une fissure centrale d'où émerge la fleur et ont une surface aplatie, marbrée d'une couleur foncée. Ces marbrures de lignes plutôt translucides, de couleur vert clair à vert foncé, en passant parfois par le gris et le violet, permettent aux spécialistes de les reconnaître. La floraison des plantes cailloux a lieu en septembre ou octobre, voire novembre et dure plusieurs jours. Les fleurs sont de couleur blanche, jaune ou orange, sont odorantes et mesurent de 2 à 4 centimètres.

Les Conophytum : description

Leurs paires de feuilles présentent trois morphologies différentes : une forme sphérique, une forme aplatie, comme les Lithops, et une forme élancée, avec des paires de feuilles allongées et nettement séparées par une fente. La floraison peut être diurne ou nocturne, et colorée (jaune, orange, blanche, rose ou mauve). La période active pour ces plantes est l'automne et l'hiver, avant que la plante n'effectue sa mue au printemps. Les anciennes feuilles se dessèchent alors pour nourrir les nouvelles en formant une sorte de gaine protectrice, comme pour les Lithops. À ce moment-là, en les voyant complètement desséchés, beaucoup sont tentés de se débarrasser de leurs Conophytum, pensant (à tort) qu'ils sont morts : il n'en est rien ! Ils sont juste en repos.

Culture et entretien

La culture des Lithops comme des Conophytum se fera obligatoirement en pot, et en pot restreint, comme ceux conçus pour les bonsaïs, ce qui les empêchera d’absorber trop rapidement l’eau donnée. Dans la même optique, il est évident que le substrat se doit d’être plus que drainant, car ces plantes sont des xérophytes. À défaut, vous risquez de provoquer l’apparition de champignons fatals à leurs développement, culture et survie. Pour le substrat, mieux vaut donc s’orienter sur une composition d’au moins 50 à 75 % de matériaux drainants (pouzzolane, perlite, sable grossier, vermiculite, etc) et de la terre de jardin mélangée à du terreau pour le reste. Il est à noter que ce substrat concerne la plantation des Lithops comme des Conophytum seulement jusqu’à leur collet. Ensuite, il faudra enterrer les deux tiers de la plante dans un mélange minéral tel que du sable grossier, et ce en les espaçant de 10 cm en tous sens pour les espèces formant des touffes. Pensez à tasser autour du collet et n'arrosez pas durant les quinze jours suivant la plantation.

Bon à savoir

Les plantes xérophytes sont des plantes vivant dans les milieux secs des terres xériques, autrement dit arides et désertiques. Dès lors, rien d'étonnant à ce qu'une xérophyte demande peu d'eau et soit capable de résister à des périodes de sécheresse car elles croissent dans des conditions chaudes et sèches. Et ce d'autant plus qu'une xérophyte est spécialisée dans la conservation de l'eau, en particulier les cactus. Ces derniers possèdent des racines peu profondes, qui s'étendent afin d'absorber autant d'humidité que possible à partir du brouillard, de la rosée et des pluies éparses.

Arrosage très modéré

Quant à l’arrosage, et au risque de nous répéter, il doit être parcimonieux et précautionneux : régulier et modéré durant la période de croissance (avril/mai à septembre/octobre) puis réduit d’octobre à novembre, avant d’être stoppé de novembre à avril (sauf si les feuilles se flétrissent, vous pouvez les vaporiser). Préférez quelques arrosages francs mensuels plutôt que de petits arrosages toutes les semaines. Trop superficiels, ces derniers n’atteignent pas les racines et favorisent le pourrissement du collet. La technique du bassinage, consistant à immerger les pots, est aussi pertinente pour les Lithops que pour les Conophytum, comme pour Conophytum acutum. Une excellente méthode réside dans le fait d'arroser par aspersion, sous forme de fins jets d'eau donc, et ce afin de ne pas endommager vos plantes. Grâce à cette méthode, vous maintenez une atmosphère humide le temps de l'arrosage. Pulvériser vos Lithops et Conophytum en été peut aussi être bénéfique, notamment si vos plantes présentent un aspect ridé, due à la sécheresse. L'avantage de la pulvérisation est le bon dosage en eau et la garantie d'éviter toute pourriture. Quoiqu'il en soit, vous pouvez vous reporter aux conseils éclairés de l'équipe de Babyplante en matière d'arrosage.

Un bon ensoleillement

Sans grande surprise, la plante caillou (comme le Conophytum) ne se plaindra pas d’une exposition progressive au soleil direct. Été comme hiver, elle nécessite une luminosité optimale. Durant l’hiver, restez sur des températures modérées (environ 10 °C, 0 °C de façon épisodique) si la plante repose en serre ou dans une pièce bien ventilée, ceci à la condition sine qua non que la pièce soit bien ensoleillée.

Quelques autres plantes caméléons

L'Arbre corail

Jatropha multifida, communément appelé Arbre corail, ou encore Koray (en créole ), est un arbuste succulent au port ramifié de 2 à 4 m de haut qui, en été, développe des corymbes de fleurs, petites, épaisses, à 5 pétales, d’un beau rouge vif, ayant l’aspect du corail, d’où son nom commun. Il appartient à la famille des Euphorbiaceae, et le genre Jatropha compte 160 espèces, toutes originaires d’Amérique centrale ou du Sud. Jatropha multifida est une plante succulente arbustive dépassant rarement les 3 m de hauteur. Son tronc renflé et légèrement caudiforme lui donne l’apparence atypique d’une bouteille. Ledit tronc se ramifie quelque peu au fur et à mesure de sa croissance avant de devenir épais et dégarni, puis surmonté d’une couronne de feuilles étalées.

L'aloès spirale

L'Aloe polyphylla possède une apparence très particulière... celle d'une spirale d'un vert émeraude profond ! Originaire d’Afrique du Sud, l’Aloe polyphylla fait partie des plantes les plus originales de la planète, avec sa large rosette, dense, et très régulièrement spiralée dans le sens horaire ou anti-horaire. De croissance relativement rapide, elle peut atteindre sa pleine taille après 5 ou 6 ans (et ne prend cette fameuse forme de spirale qu'à partir de deux ou trois ans). L'Aloe polyphylla aime le plein air, avec une exposition ensoleillée et dans une terre très drainante. De culture facile, résistante, elle apprécie des pluies ou des arrosages fréquents et, en hiver, résiste bien au gel (- 8 à - 10 °C), comme à la neige !

La plante "Oreilles de lapin"

Monilaria Obconica, avec son look cocasse en forme de tête de lapin crétin, est une plante grasse robuste de petite taille qui plaît beaucoup aux enfants et aux pré-adolescents. Elle développe deux feuilles sur le dessus, qui poussent en s'allongeant jusqu'à former des oreilles de lapin. Ces dernières ne sont pas seulement là pour leur côté distrayant, mais également parce que Monilaria Obconica stocke toute son eau dans lesdites oreilles. Ces truculentes têtes de lapin sont de culture si aisée… qu'elles ne requièrent aucun entretien ! Si du moins elles sont plantées dans une région où les températures restent clémentes en hiver, et sur un terrain sec.