La méthode du paillage est idéale pour protéger, dynamiser et améliorer la vie de votre sol, et ainsi maximiser la santé de vos plantes. Mais aussi, grâce à cette méthode, vous allez pouvoir valoriser vos déchets verts au jardin. Vous ignorez comment procéder ? L’équipe de Babyplante.fr vous donne toutes les infos sur cet art et ses impacts bénéfiques.
Manuel du paillis pour le néophyte
Pourquoi pailler ?
Le paillage est essentiel au jardin, car il permet tout d'abord d'éviter l'évapotranspiration du sol et donc de garder la terre humide (utile lors des périodes chaudes et sèches comme l'été), tout comme d'éviter que l’eau de pluie ne tasse ou ne "lessive" le sol (notamment lors des périodes pluvieuses). Il aide aussi les plantes à ne pas subir de stress lors de changements brutaux entre des périodes très sèches et venteuses et des périodes de fortes pluies courtes...
Par ailleurs, autre atout très intéressant du paillage c'est le fait qu'en se dégradant (grâce aux micro-organismes qui vont s'en nourrir), celui-ci enrichit le substrat de ses matières organiques, de ses oligoéléments et de ses minéraux biodisponibles.
Enfin, une couche épaisse de paillis assure une protection efficace du sol et des racines contre le gel et le froid hivernal, surtout pour des plantes exotiques comme le superbe Hibiscus Rose de Chine.
Qu'est-ce que le paillis ?
On entend par pailler, l'activité de recouvrir le sol pour supprimer les mauvaises herbes et empêcher l’évaporation, autour des végétaux cultivés, avec du paillis (également appelé mulch ou mulching), qui peut être de la paille ou du foin, ou bien une pléthore d'autres matériaux organiques : broyat, copeaux, écorce, feuilles mortes, tontes de gazon, etc. On peut également parler de paillis vivant (engrais vert) cultivé dans le but de couvrir le sol d'une parcelle pour la protéger et en améliorer la structure physique comme organique.
Où pailler ?
Vous pouvez pailler presque partout au jardin. Que ce soit dans le potager, sous les haies, mais également dans les plantes en pot et les jardinières, au pied des arbustes et des plantes fleuries, notamment celles qui sont frileuses, comme la Rose du désert.
Le paillage nourrissant les plantes et améliorant le sol en augmentant le taux d'humus, il est adéquat pour toutes les cultures. Grâce au paillage, la terre devient plus souple et aérée, et plus agréable et aisée à travailler. Il favorise la vie microbienne du sol et les plantes, y compris en pot, assimilent plus d'éléments nutritifs.
À quel moment faut-il pailler ?
- En début de saison de culture, lorsque les graines sont bien germées ;
- Ensuite, en été, quand il fait très chaud, en paillant sur sol humide. En effet, si la terre est sèche, il convient d'arroser avant de pailler, le but étant d'éviter que ce soit le paillage qui capte une bonne partie de votre arrosage ;
- Enfin, en automne, juste avant l’hiver, afin d'éviter de laisser le sol nu et dans l'optique de protéger les plantes du froid.
L'équilibre du rapport carbone/azote pour un bon paillage
Le rapport carbone sur azote, également appelé C/N, est un indicateur de la capacité d'un matériau organique à se décomposer. Lorsqu'un élément organique est introduit dans le sol, les micro-organismes entament sa dégradation. Or, ces micro-organismes requièrent de l'azote pour leur développement.
Un rapport C/N supérieur à 25 indique un excès de carbone par rapport à l'azote. Dans ce cas, les micro-organismes vont puiser dans les réserves d'azote du sol au lieu d'en libérer, entraînant ainsi un phénomène de carence en azote.
À l'inverse, un rapport C/N inférieur à 25 signifie un excès d'azote disponible pour les micro-organismes. Ces derniers libéreront cet azote en surplus, le rendant ainsi disponible pour les plantes.
Pour que le compostage se fasse dans des conditions optimales et donc éviter la "faim d'azote", le bon rapport carbone/azote doit être de 20 à 30.
Les déchets pour faire un bon paillage
La paille
Rien d'étonnant à ce qu'un bon paillage puisse se faire avec de la paille ! Cette dernière est aérée et très protectrice au niveau thermique. De plus, elle ne forme pas de plaques compactes, au contraire des tontes de gazon. Très légère, bien aérée, elle assure une bonne ventilation au sol et favorise la pénétration de l'eau de pluie et d'arrosage.
Son C/N est très élevé (environ 100), donc sa dégradation consomme de l'azote. Mais en fait, l’azote ne manque pas dans le sol seulement il n'est pas disponible, il ne s’agit que d’une immobilisation de l’azote dans les micro-organismes. Donc la faim d'azote qu'elle peut provoquer, ne dure pas dans le temps, car lorsque toute la matière organique apportée est décomposée, une grande partie des micro-organismes meurt et libère l’azote qu’ils avaient absorbé.
La paille est une des matières les plus utilisées en couverture du sol.
Le foin
L'utilisation du foin comme paillis gagne en popularité dans nos potagers. En effet, si vous cherchez une matière organique facile à se procurer, relativement économique et efficace en paillage pour le jardin, le foin semble être la solution idéale.
Le foin s'avère être un paillis polyvalent et multifonctionnel. Il convient aussi bien comme couverture pour les arbres fruitiers dans les vergers que pour les plantes potagères, les jardins d'agrément et même sur certaines zones des forêts nourricières.
Au départ, le foin, c'est de l’herbe, assez haute, qui est fauchée avant que celle-ci ne monte en graines. Issu de champs ou de prairie, il est le mélange de nombreuses plantes que ce soit du trèfle, de la luzerne, du dactyle, de la fléole, du ray-grass, du sainfoin…
Le foin possède un atout intéressant, c'est son rapport C/N bien équilibré. Il est compris entre 20 et 30. Il s’agit là d’un rapport carbone/azote idéal pour une bonne décomposition de la matière organique par les micro-organismes du sol.
Les feuilles mortes
Peu importe qu'elles soient tendres ou coriaces, le paillis de feuilles mortes demeure une protection idéale pour protéger les plantes sensibles contre le froid et le gel, en particulier les fleurs à bulbes et tubercules ou bien encore les arbres comme pour le Sumac des corroyeurs.
Par ailleurs, contenant de l’azote, du phosphore, de la potasse et bien d’autres oligo-éléments, ces feuilles sont une véritable nourriture pour les pour les micro-organismes du sol qui participent à leur décomposition. Ce qui libère des minéraux qui seront ensuite puisés par les racines des plantes. Cette méthode reproduit le processus naturel observé dans les forêts en protégeant le sol et en se décomposant pour former un humus extrêmement nutritif.
Qu'en est-il du rapport C/N pour les feuilles ? Sans rentrer dans les détails, il diffère que les feuilles soient vertes ou mortes, ou bien qu'elles soient tendres ou coriaces. Les feuilles vertes sont principalement azotées, alors que les feuilles mortes (orange-brun) sont plutôt carbonées (ratio C/N autour de 40 à 80).
Les feuilles épaisses ou coriaces (feuilles de platane, de chêne, ou de hêtre, par exemple), sont généralement riches en carbone (ratio C/N entre 50 et 80). Tandis que les feuilles tendres comme par exemple celles des fruitiers sont, en général, équilibrées (leur ratio C/N est compris entre 25 et 30).
Les feuilles tendres (riches en cellulose) se décomposent en tout juste six mois, alors que les feuilles coriaces (riches en lignine) mettent souvent plus d’une année à se décomposer et sollicitent fortement l’azote contenu dans le sol.
Pensez à les choisir exemptes de maladies.
Les tontes de gazon
Les résidus de tonte de gazon constituent une belle source de déchets verts pour réaliser un paillage. La tonte est très efficace en paillage car elle est très riche en azote : son rapport carbone/azote est de 10 à 15.
Il faut savoir qu'une plante bien nourrie en azote développera des feuilles larges, d'une couleur verte intense, et des tiges robustes. Les légumes-feuilles tels que la laitue ou les épinards ont une croissance rapide et ont un fort besoin en azote. Pour ces cultures, l'utilisation de la tonte de gazon en tant que paillis est particulièrement adaptée et bénéfique.
L'inconvénient de la tonte de gazon, c'est que c'est une matière organique humide qui se compacte facilement et, sans aération, elle rentre naturellement en fermentation et dégage de la chaleur. C'est pourquoi il vaut mieux éviter de mettre une grosse épaisseur sans l'avoir fait sécher au préalable.
Employez-la avec parcimonie, en veillant à l'appliquer en fine couche et en la combinant avec d'autres éléments structurants comme des feuilles mortes, des copeaux de bois, ou encore de la paille ou du foin.
La tonte mélangée avec des feuilles mortes broyées à la tondeuse offre un rapport C/N équilibré.
Le semis d'engrais verts (paillis vivant)
Ce peut être de l'avoine, du seigle, du pois fourrager, de la féverole, du lupin, de la moutarde, de la phacélie, de la luzerne ou de la vesce... Ils offrent une couverture au sol durant l'hiver tout en l'ameublissant (pour certains) ou en fixant l'azote dans le sol (pour d'autres).
Les bénéfices d'un couvert végétal vivant :
- Tout d'abord les engrais verts peuvent être semés tardivement dans la saison, offrant ainsi suffisamment de temps à toutes les cultures estivales de parvenir à maturité (même pour ceux qui récoltent des tomates jusqu'à la fin d'octobre).
- Ensuite, la plupart des engrais verts ont la capacité de fixer l'azote de l'air, en particulier la famille des légumineuses (Fabacées) : trèfles, luzerne, vesces, pois fourrager, féverole, sainfoin. Elles ne dépendent donc pas exclusivement d'un sol fertile pour croître (elles enrichissent elles-mêmes le sol, pour ainsi dire).
- De plus, après leur fauchage au printemps, elles laissent une quantité d'azote résiduelle bénéfique pour les cultures de légumes suivantes.
- Enfin, ces cultures d'engrais verts contribuent à améliorer la qualité du sol. Leurs racines vont décompacter les sols lourds, favorisant ainsi les échanges avec la micro-faune du sol et stimulant l'activité biologique du sol.
Les autres végétaux
Les brindilles et les branches, coupées en menus morceaux ou broyées, ou bien des résidus de jardin, des déchets végétaux de cuisine, comme les épluchures, ou encore les aiguilles de pin, qui acidifient le sol.
Il est important d’éviter de pailler avec des mauvaises herbes en graine, le risque est de voir ces graines germées et envahir votre parcelle au printemps. N’utilisez pas non plus les débris de plantes malades, vous éviterez ainsi de propager certaines maladies ou certains champignons qui peuvent rester dans le sol jusqu'à la saison suivante. De plus, inutile de broyer les déchets mous et fins, épandez-les plutôt tels quels, les microorganismes feront le reste.
Pour les végétaux qui doivent être broyés, épandez sur le sol les déchets plus coriaces (feuilles épaisses, brindilles, petites branches) et passez une tondeuse dessus afin de les réduire en morceaux. Pour les plus gros déchets (de type branche), passez-les au broyeur ; et s'il y en a peu, un sécateur suffira.
Comment réaliser un paillage parfait ?
Les paillis de courte durée de vie
Ils sont composés de feuilles tendres, de tontes, de brindilles vertes ou encore de fougères. Ils sont riches en azote et se dégradent donc en quelques semaines en produisant un humus actif et nutritif. Vous pouvez les utiliser partout, mais prioritairement sur les cultures à cycle court, au potager ou pour les plantes annuelles, afin de nourrir le sol.
Les paillis de longue durée de vie
Ce sont les paillis de feuilles coriaces, de copeaux de bois, d’écorces, de tailles d’arbre et de haies, de coques de noix et noisettes…. Riches en lignine, ils peuvent mettre un an ou plus à se dégrader. Même s'ils ne sont pas très nourriciers, ils sont stables et structurent durablement le sol. Mieux vaut donc les utiliser pour les plantes pérennes : arbres, arbustes, massifs de vivaces, pour structurer le sol.
Le paillage parfait
Commencez par désherber avant de pailler. Les vivaces indésirables, tout comme leurs racines et rhizomes, doivent être éliminées (n'ayez crainte, le paillis n’empêchera pas leur pousse). Si possible, effectuez un saupoudrage de compost avant le paillage. Les paillis riches en eau (herbe, gazon, etc.) doivent légèrement sécher avant d'être épandus. Étendez alors des couches de paillis de 3 à 5 cm environ (davantage pour les feuilles mortes ou le foin) aux pieds des plantes, sur un sol ameubli et décompacté. Il est inutile d'enfouir le paillis comme de recouvrir le collet des plantes. Une fois le paillage mis en place, vous pouvez arroser et rajouter du paillis régulièrement afin de conserver l’épaisseur initiale. Important pour une bonne croissance des plantes, le paillage est primordial pour vos plantes exotiques comme pour cette superbe plante : le gingembre shampooing.
Veillez à ne pas pailler quand le sol est gelé, car le paillis freine le réchauffement. De même lorsque le sol est trop sec, car il est plus judicieux de l'arroser avant.
Les erreurs à éviter et les précautions à prendre
Les erreurs à éviter
Il est intéressant de mélanger et/ou alterner différents paillis afin d'équilibrer les apports et éviter des excès nuisibles, dont :
- l’accumulation de bois, qui se dégrade lentement et est peu nourrissant ;
- La dégradation trop rapide de résidus verts trop riches en azote, qui auront également tendances à faire croître énormément les feuilles et les tiges vertes au détriment de la fructification ;
- L’acidification des sols (due à l’épandage régulier de résidus de conifères) ;
- Et, enfin, l’entretien ou la propagation de maladies, du fait de l’utilisation sur place (ou sur des plantes de la même espèce) de débris de végétaux malades.
Les précautions à prendre
Un paillis de débris végétaux riches en eau et peu aérés est susceptible d'attirer les limaces, ou s’il est enfoui, les vers blancs. D'où l'intérêt de préférer des déchets secs et aérés.
Un paillis trop épais peut attirer les rongeurs. Veillez donc à limiter l’épaisseur de paillage et retirez-le partiellement en hiver.
L'activité de pailler en elle-même n'est pas de nature à transmettre des maladies aux plantes… Sauf si vous utilisez pour pailler des débris de plantes malades ou appartenant à la même famille.
Les paillis de végétaux frais provoquent parfois une asphyxie des racines. Pensez donc à les faire sécher avant de les utiliser (ou bien de les stocker).
Le paillage peut provoquer un effet dépressif sur les végétaux en croissance, nommé la « faim d’azote », en particulier lorsque les micro-organismes mobilisent l’azote du sol quand ils décomposent les matières organiques riches en carbone et pauvres en azote, et ce au détriment des plantes en place. C'est un risque parfaitement évitable si le paillage est étalé en surface et non enfoui dans le sol.
Quand retirer le paillage ?
Au potager, faites-le au début du printemps, afin de laisser l'opportunité au sol de se réchauffer rapidement (ce qui évite la prolifération des parasites). Enfin, si vous envisagez de réaliser des semis, le paillis pourrait gêner leur levée.
En résumé, ce qu'il faut retenir
Un sol couvert par le paillage est moins soumis aux variations climatiques et thermiques, il reste bien meuble, n'a pas besoin d'être retourné et favorise l'activité des micro-organismes. Ces derniers, en s'y développant, transforment progressivement ce sol en un humus fertile et nutritif.